Supairaidant : de l’apprentissage d’un premier cycle à sa pérennisation…
L’origine du projet « supairaidant » repose sur plusieurs constats de terrain : 1) être aidant-proche génère une importante fatigue physique et psychique, 2) les aidants sont de plus en plus nombreux et donc les aider devient un enjeu de santé publique, 3) les aidants disent avoir besoin d’échanger avec d’autres personnes vivant ou ayant vécu une situation similaire à la leur afin de réfléchir à leur vécu.
Ainsi, une expérimentation en pair-aidance a été réalisée dans la plateforme de répit de Lille avec 3 pairs-aidants appelés « supairaidants » et 13 aidants. Une phase de recrutement et de formation en analyse de pratiques des supairaidants a précédé une phase d’animation de groupes d’aidants par les supairaidants eux-mêmes.
Des évaluations sur le vécu du process par questionnaires et entretiens semi-directifs analysés via une analyse thématique ont donné lieu à des résultats préliminaires :
1) chez les supairaidants, on constate une amélioration de l’estime de soi, une poursuite du deuil du proche-aidé, une transmission des savoirs et compétences développés en tant qu’aidant ;
2) chez les aidants, un apaisement émotionnel suite à l’analyse de pratiques, une perception plus positive de l’accompagnement de leur proche aidé et un sens trouvé à l’accompagnement de leur proche aidé.
Par ce projet, est (re)pensé l’accompagnement des aidants proches via une démarche participative et collaborative. La pair-aidance pourrait être envisagée comme une offre de service à intégrer aux plateformes de répit pour compléter les offres actuelles et répondre aux constats de terrain évoqués plus haut.
Suite aux résultats satisfaisants du projet, Ensembll et la Maison des Aidants (Feron-Vrau) ont répondu et à l’appel à initiative du Département du Nord « Phosphor’âge 2023-2024 » (qui finance des projets pour permettre aux personnes âgées de 60 ans et plus et leurs aidants de bien vieillir dans le Nord) et ont reçu un financement pour continuer à développer le projet en travaillant sa pérennisation.
Catherine Denève (ingénieur de recherche à Ensembll) et Léa Forster (psychologue à la Maison des Aidants) vont réaliser un kit méthodologique permettant de modéliser la méthodologie mise en œuvre. La Maison des Aidants de Lille et pourquoi pas d’autres plateformes de répits pourraient ainsi inclure ce nouveau service dans leur offre. Les différents outils seront créés avec les supairaidants qui ont déjà vécu l’expérience d’animation de groupes et de pair-aidance.
La création du kit méthodologique « devenir Supairaidant » comprendra :
– les thèmes à aborder en groupe, des fiches sur ces thèmes avec les notions-clés incontournables (par exemple : la communication aidant/aidé, l’entrée en EHPAD, l’intimité, l’isolement de l’aidant…) ;
– des modules de formation pour les supairaidants sur l’écoute active, l’animation de groupe et l’assimilation des fiches thématiques créées précédemment ;
De nouveaux supairaidants seront ensuite recrutés et formés avec les modules de formation nouvellement élaborés.